Quand elle voit le groupe de touristes s'approcher, Rahima Comor n'en voit que des clients pour ses chaussons tricotés à la main. Elle ignore que certains tentent de faire de son hameau, isolé en montagne près de Sarajevo, une destination "écotouristique".
Mis en vitrine d'une agence d'écotourisme, Green Visions, fondée à Sarajevo par un groupe de jeunes écologistes, aussi bien des Bosniaques que des étrangers, Lukomir attire chaque année de plus en plus de visiteurs.
"C'est fascinant ici! Des gens dans mon pays ne cherchent plus à passer des vacances luxueuses. Ils veulent voir la nature intacte", dit Denis Hendriksen, un Néerlandais âgé de 26 ans qui s'est arrêté ici sur sa tournée touristique dans les Balkans.
Lukomir est juché sur un plateau de Bjelasnica, à 1.469 mètres d'altitude, en surplomb de la gorge de Rakitnica.
Le pittoresque village, composés de quelques très anciennes maisons en pierre et aux toits de bardeaux, est le plus haut du pays qui reste pendant toute l'année habité par ses résidents. Avec les huit derniers, il semble exister dans une autre époque.
Epargné des combats pendant la guerre de Bosnie (1992-95), il a toutefois été abandonné par la plupart de ses habitants, partis à la recherche du travail et d'une éducation pour leurs enfants, explique Mme Comor, vêtue d'un habit traditionnel coloré, tel porté depuis des siècles par ces ancêtres.
Déjà difficilement accessible en été, Lukomir sera dans quelques mois littéralement isolé du reste du pays par d'épaisses couches de neige, jusqu'à l'apparition du soleil d'avril, se lamente la sexagénaire.
Venu comme pour chasser ces pensées sombres, le petit groupe de touristes est chaleureusement accueilli par l'une des voisines de Mme Comor.
Avant qu'ils n'entamment une descente d'une heure et demi vers la rivière, encaissée dans une vallée étroite, elle aussi leur propose des chaussons de laine de brebis aux couleurs vives.
A défaut d'hébergements luxueux et de routes modernes, la Bosnie peut seulement compter sur son héritage culturel et sa nature intacte, fait valoir Tim Clancy, coordonnateur des projets de Green Visions.
"L'écotourisme est une belle chance pour ce pays. Il devrait être son image de marque", assure-t-il.
M. Clancy ajoute que de plus en plus de touristes, notamment britanniques, français et américains, viennent acheter des excursions à son agence, qui organise des raftings, des séjours à la campagne, des randonnées et des parcours à vélo.
Mais selon les chiffres officiels, un demi million de visiteurs ont séjourné dans le pays plus de deux jours en 2006. C'est à peine un tiers du nombre enregistré avant le conflit, qui a entièrement ravagé l'industrie touristique bosniaque.
Des pistes de ski sur des montagnes des alentours de la capitale bosniaque, qui a accueilli en 1984 les Jeux olympiques d'hiver, sont loin d'accueillir le nombre de skieurs de l'époque.
Hamza Ajanovic, un responsable de tourisme du gouvernement bosniaque déplore pour sa part que l'Etat oriente des moyens "symboliques" vers le secteur touristique. "Il y a tellement d'autres problèmes dans ce pays", dit-il en guise d'une explication.
Pour illustrer du désarroi dans le secteur, M. Ajanovic précise que "quelque 70% de nuitées touristiques ne sont pas déclarées" aux autorités.
Tandis qu'on estime qu'environ un million de personnes se rendent chaque année à Medjugorje (sud), l'un des plus populaires sites de pèlerinage catholique au monde, des agences de voyages et des propriétaires d'hébergements déclarent quelque 50.000 visites, selon la même source.
Mon point de vue :
Franchement allez-y !!! ça fait rêver cette nature préservée.
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